«Parce que si vous voulez savoir ce qui moi me faisait du mal, et qui m'en fait jusqu'au jour de maintenant, c'était de voir ce genre de choses sur les habits des Juifs que nous allions tuer : une broderie, des boutons en couleur, ou dans les cheveux un ruban. Ces tendres attentions maternelles me transperçaient.»


136 pages • Stock • 17¤
Résumé :
Ce jour-là, trois hommes prennent la route, avançant péniblement dans la neige sans autre choix que de se prêter à une chasse à l'homme décrétée par leur hiérarchie militaire. Ils débusquent presque malgré eux un Juif caché dans la forêt, et, soucieux de se nourrir et de retarder le retour à la compagnie, procèdent à la laborieuse préparation d'un repas dans une maison abandonnée, avec le peu de vivres dont ils disposent. Les hommes doivent trouver de quoi faire du feu et réussir à porter à ébullition une casserole d'eau. Ils en viennent à brûler les chaises sur lesquelles ils sont assis, ainsi que la porte derrière laquelle ils ont isolés leur proie.Le tour de force de Hubert Mingarelli, dans ce roman aussi implacable que vertigineux, consiste à mettre à la même table trois soldats allemands, un jeune Juif et un Polonais dont l'antisémitisme affiché va réveiller chez les soldats un sentiment de fraternité vis--vis de leur prisonnier.
Mon avis :
Au fin fond de la Pologne, pour échapper au bruit des fusillades, trois soldats allemands s'enfoncent dans la forêt pour tenter de débusquer un juif ou deux. Alors qu'ils en ont trouvés un, ils s'arrêtent dans une maison abandonnée pour déjeuner. Dedans, ils tomberont sur un polonais qui, par son antisémitisme flagrant, leur fera ressentir de la pitié pour leur prisonnier. Comment envoyer à la mort quelqu'un avec qui ont a partagé un repas ? Commence alors un questionnement moral pour ces 3 soldats : ramener ou relâcher leur prisonnier ?Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs de l'Armitière (Rouen), je l'ai pris en premier parce 1) je suis une passionnée de Seconde guerre mondiale 2) il fait à peine 140 pages, ce qui m'a permis de le lire entre deux grosses lectures scolaires. Il m'a moins enthousiasmé que pouvais en laisser prédire le résumé. Le repas en question n'occupe que la moitié du livre et les pérégrinations des trois « héros » dans le froid de l'hiver et leurs questionnements sur leur famille m'ont peu emballé. Alors que je m'attendais à un récit ancré dans l'Histoire, elle ne prends que très peu de place en fin de compte. On suit surtout le blabla intérieur du narrateur et au bout d'un moment, on peut trouver cela long. Même très long. Trois pages sur « Est-ce qu'il va falloir brûler le banc aussi ? », ça fait un peu trop à mon goût.
Les trois soldats allemands ne sont pas attachants. Même lorsque le narrateur raconte l'histoire de leurs laveurs juifs, on n'arrive pas vraiment à s'attacher à eux. Surtout Bauer. Assez mal élevé, parlant trop fort, il est horripilant à souhait. Par contre Emmerich, qui pose 40.000 questions pour trouver des arguments pour convaincre son fils de ne pas fumer, est plus appréciable. Surtout lorsque l'auteur fait des sauts dans le temps pour montrer l'après, les mois qui suivent ce repas en hiver. Un peu déçue de ce roman mais il reste une jolie découverte et un bon moment de détente.
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